Les Trois Mousquetaires (2011)
Les Trois Mousquetaires
de Paul W.S Anderson (2011)
Voir associer le nom Paul W.S Anderson à un nouveau projet d’adaptation des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas n’augurait de prime abord rien de bon. Et pour cause il s’agit là d’un réalisateur dont la grande partie de la filmographie se résume à la nanardesque (mais souvent involontairement très drôle ) série des Resident Evil ou le très mauvais Alien Vs Predator qui réussissait l’exploit de ridiculiser deux mythes cinématographiques à la fois. Autant dire que cette adaptation là avait de bonnes raison de susciter pas mal de doutes et craintes. Pourtant sans être véritablement bon, Les Trois Mousquetaires se révèle au final assez divertissant à voir.
Anderson parvient à rendre son film regardable ( ce qui représente déjà une réussite en soi) et cela grâce à une certaine reconnaissance de ses défauts. Soyons clair beaucoup de scènes des Trois Mousquetaires ne sont pas moins invraisemblables ou risibles que celle des Resident Evil et le scénario n’y est pas franchement plus brillant mais le ton adopté fait toute la différence. Le principal problème des précédents films du réalisateur était le fait que malgré leur caractère incroyablement ridicules ces long-métrages se prenaient parfaitement au sérieux. Tout y était traité au premier degré et Anderson voulaient faire passer ses films pour des films très honorables de science-fiction ou d’action alors que l’on se rapprochait plus de la parodie involontaire. Toutefois avec Les Trois Mousquetaires, Anderson , sans se réinventer visuellement, introduit une part de second degré qui donne à son oeuvre un aspect directement plus sympathique. En prenant conscience de son ridicule, cette adaptation ne se prend plus au sérieux et peut donc se permettre d’accumuler les clichés et incohérences sans donner le sentiment au spectateur qu’on le prend pour un idiot. Ainsi l’accumulation de bateaux volants ( !!!!), de missions à la James Bond, des scènes à la Indiana Jones ou d'anachronismes à tomber par terre ne nous choquent pas plus que ça si on accepte le postulat d’une adaptation complètement barrée face à laquelle Dumas se serait sûrement retourné dans sa tombe. On est à la limite de la parodie et cela aurait pu en être une bonne si les scénaristes n’avaient pas , à plusieurs moments du film, tenté de le ramener vers une sphère plus premier degré qui ne peut décidément pas fonctionner avec la vision d’Anderson; le spectateur ne peut tout simplement pas croire en cet univers et toutes les tentatives pour donner un semblant de cohérence à l’ensemble tombent à l’eau. Il est dommage que Anderson ne soit pas allé jusqu’au bout de la démarche parodique car en naviguant entre les deux Les Trois Mousquetaires ne sait pas toujours sur quel pied danser et le semblant de logique présentée ne peut pas être pris au sérieux au vu du spectacle proposé à côté qui est complètement illogique. Ce caractère incohérent n’est pas un défaut en soi mais il aurait fallu s’y investir totalement. D’ailleurs ce sont sûrement les scènes d’actions où le réalisateur se lâche totalement et abandonne toute conception de la mesure et de la vraisemblance qui sont les meilleures du film, que ce soit les batailles navales dans les airs ou le duel sur le toit de Notre-Dame, Anderson se révèle plutôt inspiré et propose quelque chose de très divertissant.
Les Trois Mousquetaires ( bon quatre en fait du coup...)
Mais un film divertissant n’est pas forcément un bon film et c’est le cas des Trois Mousquetaires, agréable sur le moment mais au final extrêmement oubliable. En réalité le film est une coquille vide: une oeuvre amusante et avec quelques effets visuels surprenants mais scénaristiquement vide et dénuée de tout propos. Jamais l’histoire ne sort des sentiers battus et les surprises ne viennent que des accessoires rajoutées par dessus et jamais de l’écriture elle même, c’est ce qui empêche ce film de réellement décoller comme une véritable relecture décalée et second degré. Le film s’ouvre sur une scène d’action convenue avant de faire une ellipse et de nous présenter le jeune d’Artagnan , candide et impétueux , en partance pour Paris afin de rejoindre les Mousquetaires; puis nous avons le droit au complot, scènes d’actions,intrigue amoureuse traditionnelle, course-poursuite, remise en question des héros, bataille finale etc. Tous les ingrédients auxquelles nous nous attendions avant d’y assister avec un certain ennui.
De plus le casting se révèle assez inégal malgré les noms ronflants qui s’y trouvent et seuls les comédiens qui ont compris qu’il fallait surtout ne pas se prendre au sérieux dans ce film s’en sortent bien. A ce titre le jeune Logan Lerman (Percy Jackson, Fury) n’est jamais très crédible et force son jeu dans ce rôle d’un d’Artagnan plutôt tête à claques. Orlando Bloom (Le Seigneur des Anneaux, Pirates des Caraïbes, Troie) et Milla Jovovich (Le Cinquième élément, Resident Evil) sont en roue libre totale et jouent très justement sur le second, voire troisième degré, pour des personnages qui seraient autrement apparu comme très mal écrit. La moustache grandiose de Christoph Waltz (Inglorious Basterds, Django Unchained) justifie à elle seule une visionnage du film tandis que le talent de Mads Mikkelsen (Hannibal, Casino Royale) est gâché à cause d’un rôle de second couteau que n’importe qui aurait pu jouer. Freddie Fox ( The Riot Club) en fait par contre beaucoup trop dans les cabotineries et réussit à se rendre particulièrement gênant dans un film qui se veut déjà second degré. Mention spéciale au trio de mousquetaires formé par Matthew MacFayden (Ripper Street , Anna Karénine), Luke Evans ( Le Hobbit, La Belle et la Bête) et Ray Stevenson (Punisher:War Zone ) dont l’alchimie est plutôt bonne et qui parviennent même à toucher dans ce rôle d’anciens soldats d’élite tombés en disgrâce et qui courent après leur gloire passée.
En roue libre vous dis-je.
Le mot de la fin:
Les Trois Mousquetaires n’est pas la catastrophe industrielle que l’on pouvait craindre. En se prenant, très heureusement, pas au sérieux; Anderson évite l’écueil dans lequel il était tombé lors de ses précédents films et nous propose une oeuvre décomplexée et divertissante qui souffre toutefois d’un manque total d’écriture intelligente ou de démarche cinématographique intéressante. Regardable et oubliable.
Ma note: 10/20
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