Critiques & Cie

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Le Procès du Siècle (2017)

Le Procès du Siècle

(2017) de Mick Jackson

 

 

 

Le Procès du siècle prend pour sujet le procès (réel) qui a eu lieu à l’aube des années 2000 entre Deborah Lipstadt, professeure d’Histoire spécialisée sur le Shoah , et David Irving, écrivain aux thèses négationnistes. Un événement peut-être un peu oublié du public d’aujourd’hui mais qui est malheureusement toujours d’actualité ( les révisionnistes et leurs soutiens font toujours parler d’eux à travers le monde).

 

 En partant de cette histoire judiciaire, Mick Jackson construit un film assez sage, respectueux des faits et efficace. La construction scénaristique est très classique avec un schéma connu pour un film judiciaire: la présentation du personnage principal et de l’élément perturbateur qui vient bousculer son quotidien, ici le Pr Lipstadt et l’irruption de Irving dans sa vie qui décide de la poursuivre en justice pour diffamation à Londres ( le droit britannique étant fait de tel manière que c’est à l’accusé de fournir des preuves de son innocence), puis nous assistons à la mise en place de la défense autour d’une équipe d’avocats et de juristes, s’ensuivent le procès à proprement parler , le verdict final et la conclusion.  Le scénario ne s’écarte jamais de cette feuille de route bien ficelée et ne surprend quasiment jamais hormis lors de quelques sursauts bien sentis mais très brefs. Les scénaristes ne nous font jamais vraiment douter de l’issue du procès et de la décision du juge. Déborah et ses avocats rencontrent bien quelques difficultés mais on ne les sent jamais mis dos au mur par un Irving ayant fait le choix de se défendre seul. Certes il fallait respecter le déroulé des faits originaux mais les scénaristes auraient dû trouver un moyen d’installer une tension un peu plus prégnante. Finalement le film est trop facile , il se contente de présenter le déroulé des événements sans  jamais remettre en question son scénario. La ligne est tracée et le film ne fait que la suivre ce qui est dommage pour un film dont le sujet de base se démarque quelque peu du reste des films de procès. Cependant si on accepte ce déroulé sans rebonds on pourra apprécier cette histoire qui est plutôt bien mené, les scènes s’enchaînant avec cohérence et les dialogues se révélant pertinents.

 

 Le cadre de l’action se déroule dans la capitale britannique où le réalisateur  a posé sa caméra avec maîtrise. Jackson retranscrit parfaitement l’atmosphère londonnienne du début du XXIe siècle que ce soit dans les rues, les restaurants ou bien sûr la Cour Royale de Justice où l’équipe du film a eu l’autorisation exceptionnelle de pouvoir y tourner les scènes de tribunal.  Le film nous amène aussi brièvement à Auschwitz-Birkenau lors d’un passage charnière pour renforcer les enjeux et l’engagement des personnages; ainsi qu’à Atlanta, ville du Pr Lipstadt. C’est un véritable sentiment d’authenticité qui se dégage du film et qui se retrouve jusqu’aux scène de procès où les échanges, questions, accusations, plaidoyers ou réquisitoires sont conformes au mot près à ce qui s’est réellement dit.  Dommage que certains plans étranges et discutables nous tirent un peu de cette ambiance. La photographie est des plus classique mais plutôt agréable d’autant plus les rares moments où le réalisateur tentent d’autre chose il se rate dans les grandes largeurs.

 

 Mais ce qui porte ce film au scénario paresseux  ce sont ses comédiens qui incarnent avec talent les acteurs réels du procès de 2000. Rachel Weisz ( La momie, The Constant Gardener) joue une Déborah Lipstadt forte, déterminée et touchante et fait de son personnage une véritable héroïne du début de ce siècle. Timothy Spall  (Harry Potter, Mr Turner)lui fait face dans le rôle de David Irving et on ne peut imaginer un autre dans la peau du négationniste tant tout est si justement joué: le langage parlé et corporel, l’attitude surprenante et désinvolte ou la crainte qu’il inspire. Tom Wilkinson ( Batman Begins, Eternal Sunshine of the Spotless Mind) et Andrew Scott ( 007: Spectre, Sherlock): deux grands noms du cinéma britannique forment un très beau duo d’avocats qui s’efforcent de remporter ce procès non à force de sentiments mais bien à l’aide d’arguments tangibles et plus pragmatiques. Leur refus absolu de faire témoigner des rescapés de l’Holocauste à la barre malgré l’insistance répétée de Déborah au profit d’une approche beaucoup plus technique et un des moments forts du récit. Au delà de ce quatuor , les seconds rôles peinent à exister et font plus de la figuration qu’autre chose malgré la présence de quelques scènes ou Mick Jason essaie d’intéresser le public à leur sort mais cela se révèle insuffisat comme pour les tentatives du personnage de Caren Pistorius ( Slow West).

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mot de la fin:

 Film judiciaire traitant d’un sujet grave , Le Procès du siècle s’avère être efficace dans son travail de retranscription presque pédagogique des faits. S’il pêche par sa trop grande simplicité, il garde un certain cachet d’authenticité et se révèle plaisant à voir d’autant plus que les acteurs principaux illuminent l’écran de leur prestation.

 

Ma note: 14/20 Casting excellent, ambiance parfaite et sujet captivant, Le Procès du siècle avait tout pour être excellent mais sa frilosité l’en empêche. Dommage...

 



28/08/2017
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