Critiques & Cie

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Les Trois Mousquetaires (2011)

Les Trois Mousquetaires

de Paul W.S Anderson (2011)

 

 

Voir associer le nom Paul W.S Anderson à un nouveau projet d’adaptation des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas n’augurait de prime abord rien de bon. Et pour cause il s’agit là d’un réalisateur dont la grande partie de la filmographie se résume à la nanardesque (mais souvent involontairement très drôle )  série des Resident Evil ou le très mauvais Alien Vs Predator qui réussissait l’exploit de ridiculiser deux mythes cinématographiques à la fois.  Autant dire que cette adaptation là avait de bonnes raison de susciter pas mal de doutes et craintes. Pourtant sans être véritablement bon, Les Trois Mousquetaires se révèle au final assez divertissant à voir.

 

 

  Anderson parvient à rendre son film regardable ( ce qui représente déjà une réussite en soi) et cela grâce à une certaine reconnaissance de ses défauts. Soyons clair beaucoup de scènes des Trois Mousquetaires ne sont pas moins invraisemblables ou risibles que celle des Resident Evil et le scénario n’y est pas franchement plus brillant mais le ton adopté fait toute la différence.  Le principal  problème des précédents films du réalisateur était le fait  que malgré leur caractère incroyablement ridicules ces long-métrages se prenaient parfaitement au sérieux. Tout y était traité au premier degré et Anderson voulaient faire passer ses films pour des films très honorables de science-fiction ou d’action alors que l’on se rapprochait plus de la parodie involontaire. Toutefois avec Les Trois Mousquetaires, Anderson , sans se réinventer visuellement, introduit une part de second degré qui donne à son oeuvre un aspect directement plus sympathique.  En prenant conscience de son ridicule, cette adaptation ne se prend plus au sérieux et peut donc se permettre d’accumuler les clichés et incohérences sans donner le sentiment au spectateur qu’on le prend pour un idiot. Ainsi l’accumulation de bateaux volants ( !!!!), de missions à la James Bond, des scènes à la Indiana Jones ou d'anachronismes à tomber par terre  ne nous choquent pas plus que ça si on accepte le postulat d’une adaptation complètement barrée face à laquelle Dumas se serait sûrement retourné  dans sa tombe.  On est à la limite de la parodie et cela aurait pu en être une bonne si les scénaristes n’avaient pas , à plusieurs moments du film, tenté de le ramener  vers une sphère plus premier degré qui ne peut décidément pas fonctionner avec la vision d’Anderson; le spectateur ne peut tout simplement pas croire en cet univers et toutes les tentatives pour donner un semblant de cohérence à l’ensemble tombent à l’eau. Il est dommage que Anderson ne soit pas allé jusqu’au bout de la démarche parodique car en naviguant entre les deux Les Trois Mousquetaires ne sait pas toujours sur quel pied danser et le semblant de logique présentée ne peut pas être pris au sérieux au vu du spectacle proposé à côté qui est complètement illogique. Ce caractère incohérent n’est pas un défaut en soi mais il aurait fallu s’y investir totalement.  D’ailleurs ce sont sûrement les scènes d’actions où le réalisateur se lâche totalement et abandonne toute conception de la mesure et de la vraisemblance qui sont les meilleures du film, que ce soit les batailles navales dans les airs ou le duel sur le toit de Notre-Dame, Anderson se révèle plutôt inspiré et propose quelque chose de très divertissant.

 

 

 

Les Trois Mousquetaires ( bon quatre en fait du coup...)

 

 Mais un film divertissant n’est pas forcément un bon film et c’est le cas des Trois Mousquetaires, agréable sur le moment mais au final extrêmement oubliable. En réalité le film est une coquille vide: une oeuvre amusante et avec quelques effets visuels surprenants mais scénaristiquement vide et dénuée de tout propos. Jamais l’histoire ne sort des sentiers battus et les surprises ne viennent que des accessoires rajoutées par dessus et jamais de l’écriture elle même, c’est ce qui empêche ce film de réellement décoller comme une véritable relecture décalée et second degré. Le film s’ouvre sur une scène d’action convenue avant de faire une ellipse et de nous présenter le jeune d’Artagnan , candide et impétueux , en partance pour Paris afin de rejoindre les Mousquetaires; puis nous avons le droit au complot, scènes d’actions,intrigue amoureuse traditionnelle,  course-poursuite, remise en question des héros, bataille finale etc. Tous les ingrédients auxquelles nous nous attendions avant d’y assister avec un certain ennui.

 

 De plus le casting se révèle assez inégal malgré les noms ronflants qui s’y trouvent et seuls les comédiens qui ont compris qu’il fallait surtout ne pas se prendre au sérieux dans ce film s’en sortent bien. A ce titre le jeune Logan Lerman (Percy Jackson, Fury) n’est jamais très crédible et force son jeu dans ce rôle d’un d’Artagnan plutôt tête à claques. Orlando Bloom (Le Seigneur des Anneaux, Pirates des Caraïbes, Troie) et  Milla Jovovich (Le Cinquième élément, Resident Evil) sont en roue libre totale et jouent très justement sur le second, voire troisième degré, pour des personnages qui seraient autrement apparu comme très mal écrit. La moustache grandiose de Christoph Waltz (Inglorious Basterds, Django Unchained) justifie à elle seule une visionnage du film tandis que le talent de Mads Mikkelsen (Hannibal, Casino Royale) est gâché à cause d’un rôle de second couteau que n’importe qui aurait pu jouer. Freddie Fox ( The Riot Club) en fait par contre beaucoup trop dans les cabotineries et réussit à se rendre particulièrement gênant dans un film qui se veut déjà second degré. Mention spéciale au trio de mousquetaires formé par Matthew MacFayden (Ripper Street , Anna Karénine), Luke Evans ( Le Hobbit, La Belle et la Bête) et Ray Stevenson (Punisher:War Zone ) dont l’alchimie est plutôt bonne et qui parviennent même à toucher dans ce rôle d’anciens soldats d’élite tombés en disgrâce et qui courent après leur gloire passée.

 

En roue libre vous dis-je.

 

 

 

Le mot de la fin:

 

 Les Trois Mousquetaires n’est pas la catastrophe industrielle que l’on pouvait craindre. En se prenant, très heureusement, pas au sérieux; Anderson évite l’écueil dans lequel il était tombé lors de ses précédents films et nous propose une oeuvre décomplexée et divertissante qui souffre toutefois d’un manque total d’écriture intelligente ou de démarche cinématographique intéressante.  Regardable et oubliable.

 

 

Ma note: 10/20

 


28/09/2017
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Sherlock (BBC)

Sherlock (BBC)

Mark Gatiss et Steven Moffat 

(2010-2017)

 

 

 

Oups...

 

Ces derniers temps Sherlock Holmes à la côte avec une ribambelle d'adaptations plus ou moins fidèles pour le petit ou le grand écran. Le mythique détective à casquette crée par Arthur Conan Doyle se retrouve ainsi dépoussiéré depuis quelques années pour que le grand public le redécouvre et cela donne lieu à des relectures plus ou moins réussis comme les films à testostérones de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr ( Chaplin, Iron Man) dans le rôle titre ou la série Elementary qui propose une version américaine du génial enquêteur. Mais celle qui a sûrement fait le plus parler d'elle est sans doute la série sobrement intitulée Sherlock diffusée sur la BBC. Les showrunners de la série Mark Gatiss et Steven Moffat transportent le détective et ses affaires à l'époque actuelle tout en préservant toute la

 saveur de l’œuvre d'origine: un véritable coup de maître.

 

  Le leitmotiv de Sherlock pourrait être celui-ci: la qualité plutôt que la quantité. En effet la construction de la série est bien différente de celle des canons télévisuels actuels: chaque saison ne compte ainsi que trois épisodes durant chacun environ une heure et demi. Si un fil rouge relie tous ces épisodes, ces derniers peuvent aussi être vus séparément puisqu'ils proposent chacun une enquête différente. On sent le scénario parfaitement travaillé et les scénaristes savent exactement où ils veulent aller et n'hésitent pas à distiller des détails susceptibles d'avertir le spectateur. La série propose alors une mise en abyme ingénieuse avec une sorte d'enquête dans l'enquête puisque le spectateur est lui aussi amené à regrouper des indices disséminés dans les épisodes afin d'élaborer des hypothèses sur la suite des événements ou la véritable nature de tel personnage; toutefois ces hypothèses ne seront que rarement vérifiées tant la série prend un malin plaisir à partir dans la direction opposée que ce que nous avions prévu.

 

 Le passage à l'époque moderne n'aurait pu être qu'une facilité scénaristique mais il est finalement parfaitement exploité: la série propose une certaine mise à jour de Sherlock Holmes. Le génial détective se retrouve donc à amasser des informations sur son smartphone tandis que Watson tient un blog relatant les exploits de son compère ( dans l’œuvre d'origine il s'agit d'un journal). Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres mais le fait de découvrir nos histoire préférées de Conan Doyle qui ont bercé notre enfance dans un contexte contemporain est aussi surprenant que savoureux: l'épisode 2 de la saison 2 portant sur l'affaire du Chien des Baskerville ( sûrement le récit le plus connu sur Sherlock Holmes) en est le porte-étendard.

 

 Mais malgré ce changement d'époque l'adaptation se révèle extrêmement fidèle avec la présence des points de repères et des personnages emblématiques : Holmes, bien entendu, et Watson au 221b Baker Street, l'inspecteur Lestrade, Moriarty, Londres ou Irene Adler. L'atmosphère so british, caractéristique des œuvres de Doyle, est parfaitement retranscrite et le fait que la série soit une production britannique n'y est pas étranger. Que ce soit à travers les rues de Londres ( la capitale est presque un personnage à part entière) ou dans la campagne anglaise , tout est présenté avec un pittoresque bienvenu. Sherlock Holmes appartient à Londres et Londres appartient à Sherlock Holmes , il y est dans son élément avec des repères précis et une forme de mode de vie qu'il connaît sur le bout de doigt. Au fil des saisons le spectateur se fait lui aussi happé par al cité et les allées de Londres commencent à lui être familières tout en devenant dans son esprit inhérentes à la série. Les créateurs du show finissent par l'admettre explicitement quand au début de la saison 4 Sherlock, parti à l'étranger, désire rentrer au plus vite sur le bord de la Tamise pour y résoudre l'affaire; comme s'il était incapable d'user de ses formidables capacités dans un autre lieu. L'humour anglais pince-sans-rire savamment distillé fait des ravages et achève d'ancrer l’œuvre dans un cadre définitivement britannique: nous avons là une série anglaise , faite par des anglais et avec des anglais mais pas que pour des anglais.

 

 Si la série est aussi réussie c'est aussi grâce à ses personnages aussi brillamment écrits qu'interprétés à commencer bien sûr par le duo principal: Holmes et Watson. On retrouve un Sherlock plutôt fidèle au livre malgré quelques différences: jeune, asocial, génie intellectuel, hautain et quelque peu enfantin dans sa manière de voir toute enquête comme un jeu; en face de lui il y a le Dr Watson: ancien militaire, blessé de guerre, pas forcément génial mais toujours pertinent, impressionné par le détective, le cœur sur la main et plutôt émotif. La série s'ouvre sur leur rencontre et l'évolution de leur relation est l'un des thèmes centraux de la série: ces deux hommes qu'en apparence tout oppose vont apprendre à se connaître, commencer à s'apprécier et à résoudre leurs problèmes ensemble. L'alchimie est parfaite et on a parfois le sentiment que les deux personnages ne forment en réalité qu'une seule entité tant ils sont complémentaires entre le Cerveau et le Coeur , l'Esprit et les Sentiments. Il est d'ailleurs intéressant que ce n'est qu'après la mort ( supposée) de Sherlock que Watson, laissé seul, éprouve le besoin de se marier pour trouver une autre moitié de lui-même et la jalousie à peine feinte qu'éprouve Holmes à son retour ne fait que confirmer cette interprétation. Les deux acteurs donnent vie à ces personnages mythiques avec virtuosité: peu connus il y a quelques années , Sherlock leur a permis d'étaler leur talent au yeux du monde pour devenir de véritables stars aujourd'hui. Martin Freeman (Le Hobbit, The Office) est toujours dans le bon ton en Watson, il parvient à nous faire rire, ou pleurer dans ce rôle de cet homme valeureux mais au final plutôt commun qui côtoie le plus grand esprit de sa génération. Benedict Cumberbatch ( Imitation Game, Dr Strange) est quant à lui merveilleux avec un Sherlock excentrique, à l'humour particulier et qui croit tout savoir mais qui a tant à apprendre; son jeu n'est jamais sobre et toujours dans une forme de décalage par rapport aux autres comédiens qui l'entoure ce qui renforce parfaitement le fossé qui sépare son personnage de la société.

 

 

 

 

Le casting principal

 

 

  Autour des deux rôles principaux gravitent plusieurs personnages dont le traitement n'est réalisé qu'à travers leur relation à Sherlock ou Watson; ces personnages ne sont pas développés pour eux-même mais toujours par rapport au duo du 221b Baker Street , c'est parfois frustrant comme pour le personnage de Molly dont la relation avec Sherlock est captivante mais jamais traitée à partir du point de vue de la jeune femme. Mais c'est un choix de narration cohérent et les scénaristes s'y tiennent. Nous retrouvons donc comme personnage récurrents le grand frère du détective Mycroft Holme interprété par un Mark Gatiss absolument génial dans ce rôle de fonctionnaire cynique et encore plus intelligent et désagréable que son cadet , un Moriarty joué par un Andrew Scott en roue libre qui est la némésis de notre héros et l'un des seuls en mesure de le vaincre sur son propre terrain, Mrs Hudson en gentille propriétaire retraitée, l'inspecteur Lestrade qui est ici l'archétype du policier volontaire mais complètement dépassé, Mary Watson qui prendra une grande importance à la fin de la série. Rajoutons à cela des personnages n'apparaissant que ponctuellement mais mémorable comme l'intrigante Irene Adler (Lara Pulver magnétique) ou la glaçante Eurus Holmes, l'autre enfant Holmes, qui représente la plus grande menace que ses frères n'aient jamais eu à affronter.

 

  La mise en scène est inventive à souhait et propose quelque chose de vraiment neuf et rafraîchissant par rapport à la réalisation aseptisée de beaucoup de séries actuelles. Sherlock prend un malin plaisir à jouer avec nos perceptions, à montrer ce que nous devrions normalement pas voir et à nous cacher ce que nous nous attendions à voir. Plusieurs fois les réalisateurs donnent forme à des éléments qui n'existent même pas, qui appartiennent à l'imagination du détective ou simplement à une dimension symbolique. On ne sait alors plus déterminer le réel de l'imaginaire et c'est là que l'esprit de Holmes nous devient très précieux; encore une fois Sherlock propose une enquête dans l'enquête destinée à ceux qui visionnent les épisodes.

 

  En résumé ce que la série fait de mieux c'est surprendre, les scénaristes ont donc exploité ce filon pour toujours nous prendre à contre-pied. Que ce soit par son format inhabituel, ses intrigues à tiroirs, sa réalisation virevoltante, ses personnages à la fois très caractérisés par certains code( le flic dépassé, la propriétaire, le grand méchant) mais qui arrive toujours à étonner ( Moriarty n'est clairement pas un méchant comme un autre). La force du show réside dans sa capacité à nous présenter un environnement familier où on se sent à l'aise avec des repères bien défini tout en nous surprenant constamment. Une démarche un peu paradoxale mais qui fonctionne parfaitement.

 

 

 

A wonderful game!

 

Le mot de la fin: 

 

 

En se réappropriant le mythe Sherlock Holmes à l'époque moderne, Sherlock prenait un grand risque. Mais grâce à un superbe travail d'écriture et une réalisation inventive, la série apporte une vraie fraîcheur tout en ne trahissant jamais l'esprit de l’œuvre originelle. Une vraie réussite !

 

 

 

 

Ma note: 20/20 Sherlock est déjà une référence dans le monde des séries et des adaptations, et a tout pour devenir culte d'ici quelques temps.

 

 


19/09/2017
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Blake et Mortimer :Le Testament de William S. (2016)

Blake et Mortimer :Le Testament de William S.

Scénario : Yves Sente      Dessin : André Juillard

(2016) D'après les personnages d'Edgar P.Jacobs

 

 

 La saga culte Blake et Mortimer s’engage avec cet album sur un terrain où on ne l’attendait pas vraiment et c’est plutôt un bon cru qui donne un nouveau souffle à une franchise qui commençait à stagner.

 

 Pour cette nouvelle aventure Yves Sente a décidé d’évacuer la science-fiction, les mythes légendaires et autres phénomènes paranormaux présents dans les derniers tomes : dans Le Testament de William S.  tout est beaucoup plus réaliste avec une intrigue calme et intimiste. Nous sommes amenés à suivre une enquête visant à faire la lumière sur les véritables origines des oeuvres du célèbre William Shakespeare au sujet desquelles différents groupes se querellent depuis des années entre soutiens du génie de Shakespeare et ceux qui l’accusent d’être un imposteur sans compter ceux pensant qu’il n’a jamais existé ou d’autres théories plus ou moins plausibles.

 

 L’intrigue se concentre principalement sur le Professeur Mortimer qui mène l’enquête en compagnie d’une certaine Elisabeth McKenzie, fille d’une de ses anciennes amies. La dynamique entre les deux “détectives” est prenante entre le flegme britannique de l’universitaire d’un côté et la fougue de la jeune femme de l’autre. Les différentes étapes de l’investigation s’enchâinent bien et on ne se perd jamais dans des explications à tiroirs trop complexes comme la série a parfois tendance à étaler.  Différentes références et informations au sujet de l’oeuvre de Shakespeare ponctuent le récit comme des hommages littéraires. On ne manquera pas également d’apprécier les petits éléments historiques qui donnent plus de corps au contexte de l’histoire ; la série l’a toujours parfaitement fait et cet album ne déroge pas à la règle malgré quelques anachronismes évitables ( La Tour de Londres n’était pas encore construite dans les années 1850 par exemple).

 

Le récit pêche toutefois quand il s’agit d’installer une certain tension et ce à cause d’antagonistes soit fades , soit inoffensifs et même parfois ,et c’est peut-être le pire, complètement inutiles. La présence des teddy-boys (groupes de jeune malfrats habillés comme des dandys qui sévissaient dans les jardins londoniens durant les années 50 ) était plutôt intéressante sur le papier mais dans l’album ils sont bien trop lisses et trop peu dangereux pour faire planer une quelconque menace sur nos héros. De son côté le retour d’Olrik , méchant emblématique de la saga , est peut-être la pire idée des auteurs. Il se contente de rester dans sa cellule de prison dans un rôle en retrait ( au moins cela nous aura évité une nouvelle évasion improbable qui tourne à nouveau en ridicule la police anglaise) à piloter à distance des incapables pour saboter l’enquête de Mortimer. Le problème c’est qu’il ne sert strictement à rien et pour cause : si on l’enlevait du récit  celui-ci serait exactement le même. C’est typiquement le problème avec ce genre de personnage qui se retrouvent greffé à une intrigue parce qu’ils fallait les caser quelque part ; on se retrouve donc avec un personnage sans utilité et ajouté artificiellement qui va non seulement alourdir l’histoire mais se décrédibiliser totalement. Il aurait mieux fallu le laisser à l’écart pour mieux l’exploiter dans une autre aventure où il a sa place.

 

 L’autre grande déception c’est le traitement de Francis Blake. Ce  n’est pas la première fois dans la saga qu’il est en retrait par rapport au Professeur mais ici il est presque traité comme un personnage secondaire alors que c’est son nom qui figure en premier dans le titre. Difficilement compréhensible.  Il n’est certes pas aussi inutile qu’Olrik mais l’officier anglais aurait mérité un meilleur traitement.

 

 L’atmosphère général de l’album se veut plutôt paisible, beaucoup moins anxiogène que dans d’autres volumes où il est question de sauver le monde. Ici l’histoire suit sereinement son cours tandis que les enjeux sont peut-être les moins importants depuis le début de la série. Le suspense et la tension sont donc beaucoup moins présents mais en contrepartie on découvre quelques scènes du quotidien qui permettent d’en apprendre encore un peu plus sur les personnages et leurs habitudes. Cela se ressent aussi bien dans le dessin de Juilliard qui se révèle particulièrement doué pour représenter des paysages pittoresques et apaisants mais qui est bien moins à l’aise lors des rares moments d’action un brin caricaturaux et peu vivants ou pour les expressions des protagonistes assez sommaires.

 

 

 

 

Le mot de la fin

Le Testament de William S. nous propose une aventure moins mouvementée et aux enjeux bien moins primordiaux que les standards de la saga au profit d’une enquête plus paisible sur laquelle plane l’ombre de Shakespeare. Malgré de gros défauts dans la narration et des dessins inégaux le tout se révèle plutôt plaisant et rafraîchissant mais loin du niveau des meilleurs albums de la saga.

 

Ma Note : 12/20 Un bon album mais loin d’être inoubliable.

 


29/08/2017
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Lucky Luke : La Terre Promise ( 2016)

Lucky Luke : La Terre Promise

Dessin : Achdé      Scénario : Jul 

 

Dernier album en date du célèbre cow-boy qui tire plus vite que son ombre, La Terre Promise se révèle être un très bon cru n’hésitant pas à aborder divers sujets d’actualité sur le ton de l’humour.

 

 Le pitch est simple voire banal: Lucky Luke, sur la demande d’un ami, accepte d’escorter une famille de juifs d’Europe de l’Est fraîchement débarqués sur le Nouveau Monde. S’ensuit un “road trip” burlesque, drôle et surprenant qui séduit par l’universalité de son message mais aussi l’intelligence du propos. La famille juive est certes présentée de manière assez caricaturale avec les clichés qui vont avec mais on sent que tout est fait avec bienveillance et nulle boutade ne souffrira de connotation malsaine, en outre on appréciera la documentation pointue faite sur la religion juive et la tradition ashkénaze qui ne manque pas de précision. Mais il n’y en a pas que pour l’humour juif ( tout de même très présent) le lecteur pourra aussi se régaler des nombreux clins d’oeils et références hilarantes pour tous les âges disséminés par les auteurs au fil des cases.

 

 L’histoire ne brille pas par son originalité et on retrouve donc en toute logique dans cet album le cocktail des éléments ayant fait le succès de la série: canyons à traverser, désert aride, bandits des grands chemins, indiens peu commodes, prouesses martiales du héros, blagues potaches etc..

 

 Le héros du récit est également bien trop en retrait ; quasiment relégué à un second rôle et subissant l’action il se fait clairement voler la vedette par cette famille haute en couleur qu’il escorte. Ses quelques exploits, revolver à la main, ne suffisent pas à masquer le manque de profondeur d’un personnage principale qui donne le sentiment de ne plus évoluer au fil des albums.

Le mot de la fin:

 

Drôle, astucieux et parfois instructif La Terre Promise est un très bon album qui semble tout de même un ton en-dessous des titres les plus cultes de la saga. Un sujet à priori délicat traité avec brio même si cela se fait au détriment du héros qui en pâtit.

Ma note: 15/20

 


29/08/2017
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Rogue One: A Star Wars Story (2016)

Rogue One : A Star Wars Story

de Gareth Edwards (2016)

 

 

 

 

  Ce premier film spin-off ( “dérivé”) de la saga culte s’intéresse à une histoire différente de celle de la famille Skywalker au centre des  épisodes classiques ; c’est aussi la seconde réalisation de Disney pour Star Wars après Le réveil de la Force de J.J Abrams (2015). Rogue One: A Star Wars Story  suscitait les craintes et les attentes après un dernier opus efficace mais trop peu novateur , finalement le spin-off remplit parfaitement son contrat en surprenant grâce à une approche inattendue de cet univers pourtant si familier du public.

 

 

 L’action se situe chronologiquement entre les épisodes III et IV, plus précisément quelques jours avant l’introduction d’Un Nouvel Espoir . Le film met la lumière sur la mission rebelle visant à subtiliser les plans de l’Etoile noire , nouvelle arme destructrice de l’Empire, pour en connaître les failles.  Le postulat de base est aussi simple que cela peut de prime abord décevoir : l’univers de  Star Wars est si vaste et porteur d’un tel potentiel que l’on aurait pu s’attendre à un film à l’intrigue plus ambitieuse , prenant place dans un autre contexte que celui de la Trilogie Originale. Certes , revoir les X-Wing et autres Stormtroopers qui ont bercé notre enfance jouent sur la fibre nostalgique  mais l’impression de “déjà vu” était un réel danger pour ce film. Un spin-off se doit de proposer quelque chose de différent par rapport à sa saga d’origine pour justifier son existence; se concentrer sur une intrigue dont la majorité public connaît déjà l’issue était un risque important.

 Et pourtant Rogue One: A Star Wars story parvient à surprendre en proposant un volet qui reste dans l’esprit Star Wars  tout  en apportant un nouveau souffle audacieux et bienvenu à la franchise. Ce qui frappe d’emblée est l’ambiance du long-métrage : exit la magie spirituelle de la force ou la mystique Jedi ; on a plutôt le droit à un véritable film de guerre qui pourrait être qualifié de “réaliste” dans sa démarche ( toutes proportions gardées ; parler de réalisme dans un space-opera peut paraître déplacé mais je précise bien que c’est dans la démarche que le film se rapproche d’un film de guerre très terre-à-terre). Nous découvrons une Rébellion qui mène une lutte désespérée et vaine pour déstabiliser un Empire tout-puissante. Et c’est cet combat perdu d’avance  qui animera les héros qui n’en sont pas vraiment d’ailleurs. La noblesse chevaleresque des Jedis est bien éloignée des méthodes radicales du Capitaine Cassian Andor qui dirige l’escouade, ou des théories extrémistes de Saw Gerrera. Le film étoffe le background ( contexte) de cette sombre époque séparant la chute de la République et l’avènement de Luke Skywalker dont on connaissait bien peu de choses en détaillant la hiérarchie impériale ou les divers courants de la résistance plus ou moins extrémistes.

 

 

  

(Oh! Un X-Wing! Nostalgie quand tu nous tiens...)

 

La lumière ne semble pouvoir venir de nul part, les personnages sont livrés à eux-même et aucun héros salvateur ne volera à leur secours ; du moins pas du “bon côté” si tant est qu’il y ait encore un bon côté parfaitement défini vu comment le film malmène le manichéisme pourtant inhérent à la saga : ici les impériaux ne sont pas tous foncièrement mauvais ( Galen Erso) et tous les rebelles ne sont pas des anges.

 

 Côté réalisation, le film est là aussi une réussite. Gareth Edwards nous avait déjà montré son amour du gigantisme et du jeu de perspectives lors de certains plans tétanisant de la bête dans son contrasté Godzilla (2014)  , film aux bonnes idées de mise en scène qui perdait malheureusement son fil scénaristique. Dans Rogue One : A Star Wars story il continue à produire ce sentiment d’écrasement à coup de plongées et contre-plongées qui insistent sur le rapport de force ridiculement inégal entre le groupe rebelle et l’armada impériale.  Les scènes d’actions sont filmés avec dynamisme et si on devine les CGI ( images de synthèses) ces dernières ne nous font jamais sortir de l’action grâce à un habile montage mêlé à des effets spéciaux réels.

 

 Le Réveil de la Force était une suite efficace et bien menée mais on lui avait , à juste titre,  reproché un certain manque d’audace scénaristique et visuelle. Cette audace Rogue One : A Star wars story en est bourré de par son ton guerrier et pragmatique, sa photographie sale, ses anti-héros sublimés, ses batailles inédites qui en mettent plein la vue et ses planètes aux visuels originaux. C’est assez paradoxal dans la mesure où Le Réveil de la Force se déroule dans une autre époque que la trilogie originale ( 30 ans plus tard) quand  Rogue One: A Star Wars Story est complètement intégré dans la trame de celle-ci; sur le papier les idées novatrices auraient dû se situer chez le premier du nom mais c’est tout le contraire. En bref Rogue One: A Star Wars Story  se démarque et ce dès les premières secondes avec l’absence de texte déroulant en guise d’introduction  narrative.

 

 Le film ne renie pas pour autant son héritage et c’est avec un plaisir d’enfant que l’on y retrouve les marqueurs de la saga comme les croiseurs impériaux, les virevoltants X-Wing ou les retours de visages connus comme ceux de Mon Mothma, Bail Organa ,du Grand Moff Tarkin et bien entendu de Dark Vador et de la Princesse Leia. Sans trahir l’esprit originel de la saga dans lequel l’oeuvre s’ancre,  Rogue One: A Star Wars Story parvient également à sortir des sentiers battus.

 

 Néanmoins le film n’est pas parfait et souffrent de quelques défauts qui l’empêchent vraiment de prendre une autre dimension cinématographique. Les membres de l’équipe “ Rogue One” paraissent tous très intéressants voire mystérieux seulement l’intrigue rythmée sacrifie quelque peu leur traitement. Si bien que l’attachement du spectateur envers tous les membres du groupe, à l’effectif pourtant limité, devient quelque peu compliqué. L’issue tragique aurait pu avoir une puissance émotionnelle décuplée si on avait “ mieux connu” ces personnages. Le rythme soutenu de la trame ne permet peut-être pas de s’attarder sur tous les protagonistes mais quelques scènes supplémentaires pour les approfondir auraient été très utiles.

 

La première partie du film paraît aussi un petit peu brouillonne dans sa construction bien que captivante. Elle n’est pas ratée mais le spectateur se retrouve baladé aux quatres coins de la galaxi een l’espace de quelques minutes avec une quantité considérable d’informations à assimiler sans qu’on lui laisse le temps de respirer un peu et saisir parfaitement les enjeux. Bien heureusement le film rectifie le tir passé la première demi-heure. Certaines critiques ont tiqué devant la modélisation 3D en “motion-capture” du Grand Moff Tarkin ( son interprète Peter Cushing dans Un Nouvel Espoir étant décédé ) , j’ai pour ma part trouvé la technique assez bluffante de réalisme malgré quelques petites approximations au niveau des expressions corporelles.

 

 

 

La fine équipe.

 

 

 Au niveau du casting deux visages se détachent d’emblée : Felicity Jones ( Une merveilleuse histoire du temps, True Story ) et Diego Luna ( Y tu Mama tambien, Elysium). Ce sont sûrement les deux seuls acteurs bénéficiant d’une présence à l’écran assez conséquente pour développer de manière optimale leurs personnage: Jyn Erso et Cassian Andor. Après le succès Daisy Ridley , Disney a de nouveau confié le rôle principal à une jeune actrice qui remplit parfaitement le contrat dans ce rôle de vagabonde et forte tête qui n’a jamais froid aux yeux. Diego Luna parvient bien à transmettre l’ambiguïté de son personnage d’officier rebelle complètement dévoué à la cause mais aussi de se montrer d’une violence aussi froide que spontanée. Les autres têtes d’affiche font très bien le travail à commencer par Madds Mikkelsen ( Hannibal, 007:Casino Royale) qui ne force pas son talent mais dont le charisme naturel suffit, Ben Mendelsohn (Bloodline, Animal Kingdom) est parfait dans le rôle de cet officier supérieur peu à peu dépassé par les événements, le légendaire Forest Whitaker ( Le Dernier Roi d’Ecosse , Le Majordome) est totalement en roue libre dans son rôle décalé et nous livre une prestation aussi loufoque que fascinante. Riz Ahmed (Night Call)se montre en retrait malgré quelques regrets et le duo Donnie Yen (Ip man) / Jiang Wen (Let the bullets fly) ne dispose pas d’un temps suffisant pour montrer l’étendue de leur talent mais dans ce que l’on voit l’alchimie fonctionne à merveille. Mention spéciale à Alan Tudyk (Firefly)qui prête brillamment sa voix au droïde K-2SO.

 

 Enfin, et malgré le ton plutôt pessimiste de l’oeuvre, l’humour cher à la saga est bien présent et passe encore par les droïdes même si là aussi on est dans un registre différent. K-2SO s’illustre par son cynisme et un humour peu conventionnel.

 

 

Le mot de la fin:

 

 

 Après l’efficace mais trop peu audacieux Le Réveil de la Force Disney risquait gros avec ce spin-off attendu au tournant. Finalement Rogue One : A Star Wars Story  est une réussite et un captivant film de guerre. L’univers de Star Wars est si fourni que divers histoires aux ambiances différentes peuvent y avoir leur place, le film profite donc de ce statut de spin-off et de one-shot pour ouvrir de nouvelles portes en espérant que d’autres films dérivés suivront son exemple.  En cela la présence du “Star Wars Story” dans le titre est significative : on est bien dans l’univers de la saga mais pas vraiment dans celle-ci à proprement parler ; c’est précisément ce qui libère Rogue One: A Star Wars Story  et lui confère une vraie singularité.

 

 

 

Oui oui ! C'est bien lui.

 

Ma Note:  16/20 Un très bon film de guerre dans l’univers de Star Wars. Osé et bien mené , dommage que le traitement des héros en pâtisse .

 

 


29/08/2017
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