Critiques & Cie

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Á propos de Donald et de l'Oncle Sam

Á propos de Donald et de l'Oncle Sam.

 

(Voici un petit article satirique rédigé peu après les élections américaines ; cela date un peu mais je n’ai pas pu résister à l’envie de vous le partager ici)

 

 Sous le crayon de Carl Barks ( et non sous la faucille de son quasi-homonyme socialo-communiste), l’oncle Picsou ( Uncle Scrooge en version originale) engage son neveu Donald Duck pour l’aider à gérer sa fortune dithyrambique; ce qu’il fait, disons le, de manière plus que douteuse. En ce 9 novembre 2016 c’est au tour de l’oncle Sam de jeter son dévolu sur Donald.

 

 Alors Donald est-il le neveu ce bon vieux Sam? En vérité il est sûrement bien plus: c’est son fils. Pas ce fils reluisant et modèle dont on est forcément fier mais plutôt ce gamin un peu turbulent dont on a un peu honte quand il déraille mais qui est aussi diablement malin. Peut-être même un enfant illégitime mais il n’en reste pas moi le produit de sa semence. Car oui Donald symbolise à lui seul une facette des Etats-Unis; dans les grandeurs et les faits de gloire comme dans ses instincts et ses bassesses.  

 Jetons un coup d’oeil au parcours de notre énergumène pour le moins particulier. Donald est médiatique, charismatique, riche, bien entouré , doué aux affaires. Il a développé un empire financier avec la même virtuosité qu’un chef d’orchestre symphonique ou qu’un Zidane en matière de coup de tête. En plus de la richesse accumulée, il ne perd jamais une occasion de faire le “buzz” dont les médias qui l’adorent tout en affirmant le contraire s’emparent pour étaler leur habituel champ lexical tragicomique. Tout cela fait bien entendu partie du plan de notre Donald , passé maître en communications...ou pas.

 

 Quel meilleur modèle pour l’”American Dream” que celui-ci?

 

 Alors certes de l’autre côté il y a des propos un poil raciste, une mèche xénophobes ou une moumoute sexistes; mais au fond il est franc et la franchise ça compte non? Après toutes les langues de bois qui se pavanaient dans le paysage politique, le peuple a enfin quelqu’un d’honnête comme il le réclamait; le dit peuple avait peut-être omis de préciser que l’honnêteté n’est pas forcément synonyme d’intelligence ou d’éclairement. ( Rappelons que le concept de langue de bois plutôt remis en question de nos jours est à dissocier de celui , auditivement proche, de la gueule de bois  qui lui bénéficie toujour d’une popularité certaine dans le monde occidental). Donald est un canard-chimère incarnant les qualités de cette société mais aussi ses travers liés à un isolationnisme puritain et xénophobe qui refait surface pour patauger dans la mare sous le climat actuel de paranoïa psychotique.

 

 Et puis voilà qu’un matin après avoir confondu jus de pomme et bourbon lors du breakfast, le vilain petit canard se met en tête que ce serait drôle de se présenter à la présidentielle à venir ou du moins à l’élection primaire du parti républicain. On en rigole : ce Donald n’est ni un Bush ni un Clinton. Un canard chez les éléphants républicains? Risible , il pourra faire “coin-coin” aussi fort qu’il le peut il ne pourra rien faire face aux barrissements de Ted, Mario ou Jeb.

En plus c’est quoi ce prénom? Donald? Sérieusement? Vous voyez vous le président de la première puissance mondiale porter un prénom pareil? Il aura peut-être sa chance le jour où les canards auront des dents…. Ce serait comme élire un cow-boy hollywoodien voulant mettre fin à la Guerre Froide avec un projet inspiré de Star Wars / La Guerre des Etoiles et qui s’appelle Ronald comme le copain roux de Harry Potter. Et pourtant…

 

 Et voilà que tout ce beau monde de l’establishment aux sourires colgates et aux coiffures mieux laqués que les canards du restaurant chinois du coin voient leur hilarité s’estomper à mesure que les Etats tombent les uns après les autres sous les coups de sa perruque peroxydée. Je savais que les éléphants craignaient les souris mais les canards c’est nouveau… Enfin du côté des ânes rouges démocrates ( ce n’est pas une insulte mais leur emblème officiel , si i je vous assure vous pouvez vérifier) on continue à bien se marrer, H-il-a-ri distance Papi Bernie qui a fait de la résistance et se frotte bien les mains en voyant que el camp d’enfance lui envoyait un ovipare n’ayant aucune chance.

 

 

Aucune chance? Vraiment?

 

 

Après avoir mis en déroute une horde de pachydermes ne peut-on pas mettre K.O une vieille ânesse solitaire traquée par le FBI ( Fondation des Bureaucrates Intermittents) ? Alors certes on promet bien avoir tiré les conclusions des “terribles” résultats des primaires; mais que nenni! La suite on la connaît tous : Donald lance sa campagne dans le grand bain et se place sous le cygne de la rupture. Après avoir enchaîné les boulettes  et autres coin-coin d’éclats , il finit par coiffer au poteau sa concurrente d’un cheveu synthétique. Forcément les médias plongent alors dans le mélodrame outrancier aussi bien joué qu’un épisode de Petits Secrets entre voisins  (c’est dire le niveau) et commencent à dresser des parallèles douteux avec l’arrivée au pouvoir d’un certain Adolf, qui croyez moi n’est pas celui du roman de Benjamin Constant.

 

Le beau monde bien maquillé est donc sous le choc et voit toutes ses certitudes balayées d’un coup ( de moumoute là encore, vous l’aurez compris) et mesure peu à peu la fracture sociale et culturelle qui accable les Etats-Unis et le monde moderne dans son ensemble entre habitants des mégalopoles intégrées et citoyens laissés sur le bas-côté de la mondialisation. Car ce sont bien des centaines de millions d’électeurs qui ont voté Donald, ce même Donald qui s’est fait canardé dans tous les sens pour bien s’assurer qu’il ne gagnerait pas. C’est raté. Les attaques ont plutôt eu l’effet inverse aux yeux d’un peuple qui ne fait plus confiance à la haute société pensante médiatico-bourgeoise qui s’est installée sur les côtes du pays. Cette tranche peu intégrée de la société s’est donc décidée à faire un gros doigt d’honneur aux élites et aux instituts de sondage qui se sont depuis mis en PLS et a voté pour un bon gars comme tout le monde qui n’a pas sa langue dans sa poche. Ce choix reste quand même intrigant au vu de la richesse démesurée et du peu d’estime que montre ce nouveau héros des classes défavorisés à l’égard de certaines classes de la population qui ne font pas forcément partie des plus aisées.

 

 

 Les scènes souvent grotesques données à voir dans certaines émissions de télévision française à la suite de cette élection nous révèlent que si bien peu de leçons avaient été retenus après les primaires, on ne fait guère mieux avec la présidentielle. Car au lieu de crier au scandale en se réfugiant derrière des critiques de mauvaise foi allant de la remise en question du système démocratique américain à la moquerie du profil de l’électeur de Donald présenté comme le “beauf” par excellence , ne ferions nous pas mieux de nous poser les bonnes questions sur notre société actuelle?  Enoncer avec un sérieux délicieusement absurde les divers scénarios qui nous mèneront à la Troisième Guerre mondiale est aisé ; mais tenter d’éviter la catastrophe réclame beaucoup plus d’efforts. Il est certes beaucoup plus confortable de mettre un pouce bleu sur une image de soutien aux victimes de guerre pour se donner bonne conscience que de s’impliquer réellement pour améliorer leur situation.

 

 Si on ce retrouve avec ce formidable spécimen d’oiseau au pouvoir c’est avant tout le résultat du ras-le-bol d’une frange entière de la population  délaissée par le processus de mondialisation ; un processus qui aura permis un développement remarquable et une amélioration certaine des conditions de vie et des économies étatiques mais qui se doit d’être contrôlé pour éviter ce genre de vices.  Le fossé séparant les centres névralgiques du pays et ses périphéries est plus grand que ce que l’on imaginait. Pourtant il y avait des signes de ce gouffre en train de se creuser mais on  a préféré les ignorer. Le monde du politiquement correct a pris un coup sur la tête et malheureusement le progressisme avec. Le monde marche sur la tête; Donald compte régler ces problèmes de fracture en construisant un mur gigantesque. On savait l’homéopathie ( littéralement le fait de guérir le mal par le mal) en vogue mais on des doutes sévères sur le dosage de ce traitement.

 

 

 

 

 Il y a eu une révolution à la ferme des animaux qu’Orwell n’aurait pas renié. Une insurrection sans Terreur ni Robespierre ; un renversement démocratique selon les règles dictées par l’élite contre qui elles se sont retournées. Et ce ne sont pas les complaintes des stars sur les réseaux sociaux ou les manifestations des soutiens de Clinton qui y changeront grand chose. Si cette frange “intégrée” au monde et dite “progressiste” veut vraiment ne plus êtres surprises par de tels corbeaux hitchcockiens il va vraiment falloir qu’ils se posent les bonnes questions pour se reconnecter à leurs concitoyens qui ont, eux opté, pour un drôle d’oiseau de mauvais augure loin d’être une perche.

 

 Donald a su mener sa barque à bon port malgré un voyage turbulent, quitte à évacuer l’eau avec des seaux suite à telles ou telles bourdes ou coup reçu. De l’autre côté le Clintanic s’est heurté au refus d’accoster de son peuple.

 

 Hillary à les Boules,(&) Bill l’avait trompé une fois maintenant c’est ce bon vieux et pourtant fidèle Sam qui est allé voir ailleurs, là où elle ne s’y attendait pas, loin des bunkers politiques et des prévisibles adversaires traditionnels mais dans les marais d’ornithologue.

 

 Donald , lui , peut se dandiner au rythme de la danse des canards : il est le quarante-cinquième président des Etats-Unis. Et dire qu’en France on s’était bien foutu de la candidature de Coluche…

 

 Platon disait que la démocratie n’est pas idéale mais qu’il s’agit du moins mauvais des systèmes politiques. Je ne remettrai jamais en cause le principe démocratique mais quand en l’espace de quelques mois les américains choisissent un canard populiste à mèche blonde plus ubuesque qu’Howard the Duck comme chef, que les rosbeefs se font griller au barbecue tout seul avec un référendum à la sauce populiste là encore, qu’un portugais qui joue à Lille ( à Lille!!!) crucifie l’équipe de France en final de son Euro ( quel années moisie alors…) ; on peut légitimement se demander si le monde n’a pas pris d’arrêter ses cachets.

 

 Quoiqu’il en soit, face à des menaces terroristes de plus en plus dévastatrices et intenses le monde électoral occidental pète complètement un câble. Du coup ce ne serait pas mal d’appeler l’électricien.


 



28/08/2017
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